© Dieter Telemans |
Risque de cyberattaque terroriste très élevé |
Le commissaire chargé de la Sécurité nous explique ce que l’Europe a fait pour améliorer la sécurité de ses citoyens. Il avoue craindre « tous les types de menaces ».
Il est « Le Dernier des Mohicans ». L’ultime commissaire britannique envoyé par Londres avant le Brexit. Dans son bureau du Berlaymont placé sous haute sécurité, trônent deux grandes photographies de Sa Majesté. Sur le sofa, des coussins décorés de l’Union Jack. « No doubt », c’est bien ici une partie de l’île encore arrimée à l’Europe. Julian King, formé à la fois à Oxford et à l’ENA, est l’un des plus brillants diplomates du Royaume. Sa mission? Créer l’Union européenne de la sécurité ainsi que gérer la lutte contre le terrorisme et le crime. L’Echo l’a rencontré, un an après les attentats terroristes à Bruxelles.
Comment avez-vous vécu les attaques du 22 mars?
Qu’avez-vous ressenti?
Qu’est-ce que les attentats ont changé?
Qu’a fait l’Europe, depuis lors, pour améliorer la sécurité de ses citoyens? Nous avons commencé par renforcer les frontières extérieures. Nous avons créé un corps de garde-frontières et de garde-côtes, déployé du personnel de Frontex et d’Europol pour soutenir les autorités en Grèce et en Italie, adopté une directive sur le contre-terrorisme qui criminalise les allers-retours d’Irak et de Syrie. Nous avons renforcé le code Schengen pour contrôler systématiquement toute personne qui entre dans l’espace Schengen, y compris les citoyens Européens. Nous avons proposé de créer un système interactif pour contrôler les nationaux des pays tiers, c’est à l’étude au Parlement. Nous allons aussi mettre en place un système de précontrôle des étrangers n’ayant pas besoin de visas, appelé Etias et calqué sur le modèle Esta des Etats-Unis. Nous avons renforcé notre capacité de connaître ceux qui arrivent dans l’espace européen, et c’est un élément vital pour notre sécurité.
Qu’avez-vous fait pour accroître la sécurité intérieure? Nous avons renforcé les capacités des forces de l’ordre. Nous avons mis plus d’argent, de personnel et de moyens dans Europol. Nous avons consolidé les bases de données policières et réformé la plus importante: le système Schengen. Nous voulons obliger les polices nationales à partager leurs informations à travers ce système. Dans les faits, ils le font de plus en plus. Mais ce sera encore plus vrai lorsque l’obligation d’échanger sera adoptée par le Conseil européen. Nous devons aussi accroître la capacité des agents d’aller chercher une information là où elle se trouve. Pour éviter, comme après les attaques de Paris, qu’un terroriste comme Salah Abdeslam puisse déjouer les contrôles… Oui. Les renseignements existaient mais lors de ce fameux contrôle entre Paris et Bruxelles, la police n’a pas été capable d’aller les chercher. Nous allons proposer un paquet de mesures pour améliorer la qualité des informations, le traitement de données, l’utilisation plus fréquente de la biométrie et accroître la rapidité d’obtention des informations.
Quand allez-vous proposer ces mesures?
Les États européens appliqueront-ils ces mesures? Nous insistons beaucoup là-dessus. Pour la première fois depuis mon arrivée l’été dernier, la Commission a lancé des procédures d’infraction contre plusieurs États qui n’appliquent pas les mesures convenues l’an dernier. Trois procédures contre des États qui n’ont pas appliqué la directive sur les explosifs et cinq procédures contre des États qui n’ont pas appliqué l’arrangement de Prüm sur les échanges d’information.
Que pensez-vous de la création d’un « FBI Européen », comme le préconise Guy Verhofstadt?
Vous n’aimez pas parler du Brexit. Mais dites-moi, le Royaume-Uni continuera-t-il à coopérer avec l’UE après son départ? Je l’espère. Je ferai tout durant les deux années à venir pour renforcer notre sécurité commune contre le terrorisme, le cyberterrorisme et le crime organisé. Ces menaces affectent tous les pays d’Europe, qu’ils soient ou pas dans Schengen ou dans l’UE, et c’est le cas en particulier des cyberattaques. Notre combat sera plus efficace si nous le menons ensemble. Ce sera vrai demain, dans deux ans et dans cinq ans. Il est important qu’après le Brexit l’Union européenne et le Royaume-Uni conservent une coopération étroite en matière de lutte contre le terrorisme.
Quant à la coopération entre l’Europe et les Etats-Unis, résistera-t-elle à l’arrivée de Donald Trump?
Quel est le niveau de risque d’attentat terroriste à Bruxelles?
Les terroristes se concentrent sur les espaces publics, les métros ou les aéroports. Comment sécuriser de tels lieux?
Vous craignez des menaces d’isolés ou des groupes organisés? Tous les types de menaces. Celles de loups solitaires, et c’est pourquoi la lutte contre la radicalisation est une partie importante de nos travaux. Mais aussi les menaces d’attaques organisées inspirées par Daech, qui ne sont pas réduites parce ce qu’ils sont en difficulté sur le terrain en Syrie et en Irak.
La plupart des auteurs des attaques à Bruxelles et Paris étaient Européens…
Que fait l’Europe pour lutter contre la radicalisation? L’autre risque majeur ce sont les gens qui, au sein des communautés, cherchent à pousser les plus fragiles à la violence. Le moyen le plus efficace pour les empêcher d’agir est de travailler localement. Nous avons développé, au niveau européen, des moyens pour œuvrer avec ces communautés, soit pas des fonds, soit par la mise en place d’un réseau d’organisations où ils reçoivent du soutien.
Craignez-vous une cyberattaque terroriste, par exemple contre une centrale nucléaire ou une tour de contrôle aérienne?
Comment affrontez-vous ce risque? Notre première ligne de défense consiste à avertir le public du danger de manipulation sur internet. Nous devons ensuite construire une résilience, à chaque niveau. Apprendre aux individus à protéger leurs appareils, changer leur code. Il faut aussi mettre en place les moyens nécessaires pour protéger les infrastructures critiques, comme les unités de production d’énergie, exposées aux cyberattaques. Nous travaillons à la création d’une agence européenne qui planifie la protection des infrastructures et mette en place un réseau d’échange d’information, le tout en application de la directive NIS. Nous travaillons aussi avec le secteur privé, généralement très avancé sur ces questions de sécurité, et lancer des partenariats. Nous allons mobiliser 1,8 milliards d’euros pour des recherches en cybersécurité d’ici 2020. C’est un effort important. Nous préparons également des exercices conjoints avec l’Otan pour contrer les cyberattaque. Enfin, j’espère que nous pourrons faire un examen complet de tout notre travail sur la cybersécurité sous présidence estonienne, avant la fin de cette année…[lire la suite] Notre métier : Vous aider à vous protéger des pirates informatiques (attaques, arnaques, cryptovirus…) et vous assister dans vos démarches de mise en conformité avec la réglementation relative à la protection des données à caractère personnel. Par des actions d’expertises, d’audits, de formations et de sensibilisation dans toute la France et à l’étranger, nous répondons aux préoccupations des décideurs et des utilisateurs en matière de cybersécurité et de mise en conformité avec le règlement Européen relatif à la Protection des Données à caractère personnel (RGPD) en vous assistant dans la mise en place d’un Correspondant Informatique et Libertés (CIL) ou d’un Data Protection Officer (DPO) dans votre établissement.. (Autorisation de la Direction du travail de l’Emploi et de la Formation Professionnelle n°93 84 03041 84) Plus d’informations sur : https://www.lenetexpert.fr/formations-cybercriminalite-protection-des-donnees-personnelles
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Source : « Le risque d’une cyberattaque terroriste est très élevé » | L’Echo
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