Données c’est donner…
Données c’est donner… |
Fondateurs de réseaux sociaux ou de sites de rencontre, tous tentent d’exploiter les data des internautes. Des manipulations s’opèrent, à l’insu des utilisateurs… Les questions d’éthique et de droit restent posées.
En juin, Facebook révélait avoir mené une expérience psychologique sur près de 700 000 utilisateurs à leur insu. L’idée: tester une potentielle «contagion émotionnelle». Dans la foulée, le site de rencontre OKCupid affichait des «manipulations de profils» de ses internautes. Christian Rudder, cofondateur du site, postait récemment un billet intitulé «Nous réalisons des expériences sur les êtres humains», affirmant : «si vous utilisez Internet, vous êtes l’objet de centaines d’expériences, à tout moment quel que soit le site.» De quoi faire frissonner.
OKCupid est un site basé sur des questions auxquelles l’on répond en tant qu’utilisateur, sur tous sujets – de la propreté du bac à douche, à la fellation ou encore à l’usage du LSD. Plus l’internaute répond, plus l’Algorithme Magique est susceptible de lui proposer l’âme sœur. Soit. Et de fait, sur une base aussi riche, il est possible d’envisager une pertinence ethno-sociologique à ces expériences in vivo qui posent bien entendu des questions éthiques. Peut-on utiliser les données d’innocents internautes qui viennent chercher une cour de récréation / une rencontre sur les réseaux sociaux ? Ces thèmes ont été largement discutés. Ce qui choque, c’est la position «de plein droit» que s’accordent les géants du Net, s’affichant dans une normalité sur le thème: «Oui, nous utilisons vos données, et alors ?» Et alors… ? Bizarrement, c’est aussi ce que répondent nombre d’internautes quand ont les avertis de l’impact de leurs clics. Faites le test. Expliquez à une personne non avertie que ses données sont transmises à l’annonceur quand il en like la pub. Réponse probable : «Qu’est-ce qu’on s’en fout ?»
Pourtant quand le juriste-activiste autrichien Max Schrems a demandé à Facebook de lui envoyer une compilation de ses données, il a reçu un fichier de plus de mille pages contenant ses informations présentes sur le site, y compris celles qu’il pensait avoir supprimées. Il a déposé une plainte cet été, rappelant que les questions éthiques posées par ces intrusions impliquent d’abord une prise de conscience de l’individualité et du droit des internautes.
DATA EN MASSE Stéphanie ESTOURNET
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