La révolution du mobile ne fait que commencer… et on a encore rien vu !
La révolution du mobile ne fait que commencer… et on a encore rien vu ! |
Tous les européens ou presque sont équipés d’un ou plusieurs téléphones mobiles. La majorité dispose d’un smartphone. Et pour autant, la révolution de la mobilité est largement devant nous.
D’ici la fin de la décennie on comptera quelques 9 milliards d’usagers mobiles. Le trafic mobile aura été multiplié par 10, soit une croissance trois fois plus rapide que sur les réseaux fixes. Les accès mobiles et sans fil (Wi-Fi) vont devenir dans nos pays le premier client des réseaux en fibre optique. La vidéo représentera plus de 50% du trafic mobile. En Afrique, les réseaux cellulaires et les smartphones à 50 euros vont ajouter des centaines de millions d’internautes… On peut y voir plusieurs challenges pour l’Europe. Le premier est relatif à notre industrie des télécommunications qui n’a pas été épargnée par les transformations. Au moins y avait-il une perspective : la 4G. Soit une nouvelle génération plus performante de réseaux mobiles à même d’offrir des accès de qualité aux applications de l’Internet. Des investissements lourds, mais une occasion de se différencier et de sortir d’un modèle de concurrence un peu frustre qui avait tendance à se réduire au seul paramètre prix. En fait, dans la plupart des marchés européens et malgré la 4G, la chute des revenus se poursuit et les marges ont du mal à se stabiliser continuant à fragiliser les capacités d’investissement. Pour sortir de la guerre des prix, il faut aussi compter sur les effets d’une consolidation raisonnable sur les marchés nationaux en attendant que se matérialise un marché européen avec des acteurs un peu plus pan-européens.
Soyons optimiste, les premières opérations de consolidation sont en passe d’être autorisées et une nouvelle Commission européenne se met en place. L’aventure ne fait que commencer. On ajoutera que la 4G est une norme universelle, pour la première fois dans cette industrie, et qu’elle s’accompagne d’ors et déjà de perspectives concrètes d’amélioration (« advanced LTE »), offrant des débits encore plus rapides, tandis qu’à la fin de la décennie on devrait bénéficier des paramètres spectaculaires de la 5G. L’Europe des télécommunications, qui a eu longtemps un leadership mondial sur les mobiles, n’a pas été au rendez-vous de la 4G, et le retard est loin d’être résorbé si l’on se compare à la place prise par la 4G en Corée du Sud ou aux Etats-Unis. Le renouvellement de cette situation quand viendra l’heure de la 5G serait une catastrophe. Pour nos opérateurs et les consommateurs d’abord. Mais aussi pour l’industrie des télécommunications qui y est associée et qui continue de représenter avec des sociétés telles Ericsson, Alcatel-Lucent, Gemalto et Oberthur, un des trop rares atouts européens dans le numérique.
Il y a cependant un second challenge. Ces réseaux 4G et 4G+ sont les premiers à fonctionner en mode tout IP. Ils vont accélérer le basculement qui s’est amorcé avec la 3G et le Wi-Fi de l’Internet fixe vers l’Internet mobile. C’est vrai dans les économies émergentes comme sur nos marchés. Les acteurs dominants de l’Internet l’ont compris. Google y a vu très tôt la nécessité d’investir dans Android. Facebook communique depuis deux ans devant les analystes avant tout sur l’essor de la part de ses usagers mobiles. Amazon n’hésite pas à investir dans ses propres tablettes pour protéger l’accès à son eCommerce. Netflix et YouTube ont aussi vu que la vidéo allait constituer sur le haut débit mobile la majeure partie du trafic. Même Microsoft a adopté le slogan « mobility first!».
En même temps, nous voulons croire que le jeu n’est pas totalement fermé. Avec le mobile, une transformation très profonde de l’Internet s’est amorcée : l’intégration de la géolocalisation, l’intimité d’un terminal qui prend la forme de lunettes, d’une montre, de vêtements et qui inclut les fonctions d’un portefeuille et d’un monitoring en temps réel de sa santé et de son environnement (maison, voiture, ville connectée). On a vu ces derniers trimestres croître le « Machine to Machine » qui représente déjà des millions de connexions.
On commence à imaginer l’Internet des Objets. Toutes ces vagues, encore en devenir de l’internet mobile, vont se combiner avec la puissance des architectures cloud pour constituer une part sans doute prépondérante de l’économie de la data. Ces deux challenges sont intimement liés, même si chacun doit occuper sa place. Il serait dangereux pour les européens de se complaire dans les postures, ou de se résigner à une opposition entre l’économie des réseaux, qui serait la victime d’une régulation sectorielle impitoyable et celles des applications Over The Top qui ne doit pas bénéficier de l’impunité d’un fonctionnement hors sol. Enfin, au-delà des prouesses de la technologie, Il faut aussi reconnaître l’importance considérable d’un troisième challenge : l’établissement d’une relation de confiance entre les acteurs industriels et les régulateurs, et entre ceux-ci et le consommateur.
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Source : http://www.zdnet.fr/actualites/la-revolution-du-mobile-ne-fait-que-commencer-et-on-a-encore-rien-vu-39810673.htm Par François Barrault, Président de l’IDATE
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