L’essor du chiffrement inquiète le renseignement anglais |
Dans une interview à la BBC, le patron du renseignement intérieur britannique (MI5) a exprimé ses inquiétudes à l’égard de l’évolution des technologies de chiffrement. Selon lui, les entreprises technos ont le devoir éthique d’informer les autorités de menaces potentielles.
Le gouvernement britannique n’en démord pas et veut ses backdoors : dans une interview donnée à la BBC, le dirigeant du MI5, les services de sécurité de la Grande-Bretagne, évoque à nouveau le débat autour des technologies de chiffrement qui se développent à destination du grand public. Pour Andrew Parker, directeur du MI5, les services de police ont de plus en plus de mal à obtenir des informations en ligne et les entreprises du secteur technologique devraient selon lui informer les agences de renseignement des potentielles menaces détectées via leurs outils. Il explique au micro de la BBC que les services de police sont confrontés à la difficulté croissante d’obtenir « les relevés de communications des utilisateurs suspectés d’activités terroristes, et ce même en disposant d’un mandat de justice. »
Haro sur le chiffrement Une critique déjà entendue fréquemment et qui fait écho au développement d’outils de chiffrement de bout-en-bout, mouvement qui gagne en intensité dans l’industrie des nouvelles technologies et des services en ligne suite aux révélations d’Edward Snowden. Et la problématique n’est cantonnée Outre-Manche, où David Cameron a annoncé son intention de légiférer sur le sujet. Aux États Unis, on a ainsi pu voir les dirigeants du FBI exprimer une demande similaire, évoquant la possibilité de mettre en place des backdoors connues des seuls services de renseignement afin de pouvoir accéder aux données échangées sur les plateformes de messagerie en ligne. En France, c’est le procureur de la République de Paris qui s’y colle : celui-ci avait signé en août une tribune dans le New York Times déplorant l’essor du chiffrement et l’obstacle que celui-ci constituait dans les enquêtes judiciaires. Face à cette offensive, les défenseurs de la cryptographie s’inquiètent tout particulièrement des conséquences que pourrait apporter la mise en œuvre d’une telle volonté politique : pour Bruce Schneier, expert américain de la cryptographie, s’appuyer sur ce type de procédé viendrait immanquablement contredire le principe même de la cryptographie, supposé garantir la sécurité des échanges entre les destinataires. De plus, et l’affaire récente des clefs d’accès aux cadenas TSA le rappelle bien : les backdoors ne sauraient garantir que la personne qui les utilise est bien un représentant des forces de l’ordre, laissant la possibilité à des cybercriminels ou à des pays étrangers de les exploiter.
Denis JACOPINI est Expert Judiciaire en Informatique, consultant, formateur et chargé de cours.
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Source : http://www.zdnet.fr/actualites/le-renseignement-anglais-s-inquiete-lui-aussi-de-l-essor-du-chiffrement-39825120.htm
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