Quand être anonyme devient tendance même sur les réseaux sociaux
Quand être anonyme devient tendance sur les réseaux sociaux |
Des réseaux sociaux d’un nouveau genre cultivent l’anonymat de leurs membres, suscitant intérêt et inquiétudes.
Ils se sont baptisés « secret », « rumeur » ou « chuchotement » : des réseaux sociaux en ligne d’un nouveau genre cultivent l’anonymat de leurs membres, suscitant un intérêt croissant mais aussi des inquiétudes. Quand la nouvelle application sociale Yik Yak est arrivée à l’université d’Auburn en Alabama (sud des Etats-Unis), « ça s’est répandu plutôt vite », raconte Nickolaus Hines, un de ses étudiants âgé de 21 ans. Les messages qui y sont publiés peuvent être vus dans un rayon de huit kilomètres, mais personne ne sait qui les écrit : les auteurs ne sont pas identifiés.
« Communiquer sans crainte » Whisper (chuchotement), qui fonctionne sur le même modèle depuis deux ans et revendique 2,5 milliards de pages vues sur son service, aurait selon la presse obtenu 21 millions de dollars de financements. Le tout nouveau service de messagerie en temps réel Rumr, qui permet des discussions privées entre inconnus, se compare sur son site internet « au fait d’avoir une conversation dans le noir ». Ask.fm, un groupe basé en Lettonie, affirme que 35 millions de personnes dans une dizaine de pays ont téléchargé son application permettant de poser des questions et d’obtenir des réponses d’autres utilisateurs de manière anonyme. Sa porte-parole, Liva Biseniece, évoque « une chance de communiquer sans craindre les jugements sur ses opinions et croyances ». Yik Yak loue également sur son blog l’anonymat qui « permet aux gens de partir d’une page blanche » et de supprimer « les idées préconçues » sur eux.
« Une illusion d’intimité » L’investisseur Austin Hill met toutefois en garde contre « une illusion d’intimité » et prédit : « On verra ces entreprises et leurs utilisateurs, qui se croyaient anonymes, traînés devant les tribunaux ». Lire aussi : « Pourquoi vous ne serez jamais anonyme sur internet »
La majorité [des publications sur Yik Yak] sont des blagues, ou des choses drôles » mais « certaines choses sont plutôt méchantes », reconnaît l’étudiant, Nickolaus Hines. Des établissements scolaires ont tenté d’interdire ces applications après des mauvais tours, des alertes à la bombe ou de fausses rumeurs. Cela donne en effet de nouveaux outils d’intimidation ou de dénonciations de camarades, souligne Justin Patchin, professeur à l’université de Wisconsin-Eau Claire et dirigeant d’un centre de recherche sur le harcèlement en ligne. On voit des menaces voilées ou ouvertes », relève-t-il. « Dans ces environnements anonymes, c’est très dur pour les étudiants, qui ne savent pas de qui ils doivent avoir peur ».
« Sauvagerie » en ligne Les réticences sont partagées par Marc Andreessen, un investisseur très écouté dans la Silicon Valley : « Ce type d’expériences commence comme un vilain amusement et se termine avec des coeurs brisés et des vies ruinées. En fin de compte, tout le monde regrette d’y avoir participé ». Danah Boyd, chercheuse chez Microsoft et auteure d’un livre sur les adolescents et les réseaux sociaux, estime toutefois que ces applications répondent à de la simple curiosité et reflètent « tout l’éventail des attitudes humaines envers les autres: les bonnes, les mauvaises, et les très laides ». « Les gens apprécient les publications les plus basses et agressives, de la même manière qu’ils s’intéressent aux accidents de voiture et à la téléréalité », indique-t-elle.
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Source : http://obsession.nouvelobs.com/high-tech/20140329.OBS1808/quand-etre-anonyme-devient-tendance-sur-les-reseaux-sociaux.html
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